Avec sa jaquette d'origine. Quelques traces d'usure sans gravité
Traduit de l'anglais par André de Varins.
Bracelet en métal inconnu trouvé par un candidat au suicide ! Deux douzaines de bas nylon soutiennent deux vies en péril ! Les autos-stop d'amour ! Il suffit d'égrener le début de la table des matières de l'ouvrage de M. Fobster pour saisir le sens dans lequel l'auteur a traité du problème des soucoupes volantes.
Sur ce sujet qui hante les esprits et qui a fait couler beaucoup d'encre, il est facile à un écrivain de lâcher la bride à une imagination forcenée et, pour peu qu'il possède quelques connaissances scientifiques, de jeter à la tête de ses lecteurs un certain nombre de digressions paratechniques ; plus celles-ci nous apportent de précisions, plus elles nous éloignent de la vérité ou de la vraisemblance. L'auteur a adroitement évité cet écueil ; il ne craint pas les idées audacieuses, mais ramène les faits à notre échelle et, ce faisant, nous livre le palpitant récit d'une aventure qui pourrait arriver... qui arrivera, serait-on tenté d'écrire ! Celle de la chute sur notre planète d'un couple venant d'un autre monde.
S'agit-il d'un reportage ? Ceux qui connaissent la véritable identité de l'auteur pourraient le croire à priori ; sous le nom de plume de Philip Fobster, se cache la personnalité d'un journaliste fort connu dans les Balkans. Globe-trotter comme tous ses confrères, Philip Fobster a longtemps séjourné à Londres, et connaît aussi bien les artères de cette capitale que les habitants du bord de la Tamise. Feuilletonniste réputé, il imprime à son récit ce rythme rapide aux rebondissements incessants qu'exige la parution d'un texte par tranches quotidiennes. Reportage romancé, et mouvementé, les soucoupes volantes nous présentent donc ce couple venu du fond du ciel. Sommes-nous en face d'êtres humains ? À tout le moins, les personnages de M. Fobster en présentent-ils les aspects extérieurs. L'héroïne est jeune et belle. Le regard captivant de ses yeux aux pupilles étrangement fendues, est bien fait pour ensorceler ceux qui l'approchent. Cette jeune femme n'a rien du robot, de la Martienne ou du monstre, et cependant, sa personnalité physique et morale est-elle celle d'une femme normale ? Entre elle et les autres personnages, l'auteur crée des liens humains.
L'amour, la haine, ces moteurs de notre vie passionnelle, animent aussi les pensées de ces deux nouveaux habitants de la Terre. Voilà donc le seul postulat que l'auteur accepte. De ce fait, son récit a de l'unité et coule, vibre, rebondit. Les péripéties de l'aventure mènent le lecteur jusqu'à Whitecomber, vieille demeure élisabéthéenne située près de Londres.
C'est dans ce cadre que le héros du livre vivra la fin tragique de l'odyssée du couple sur la route duquel le hasard l'a placé. Journal chronologique autant que confession, le récit nous le montre aux prises avec l'adorable être de rêve et de chair qu'est Delmonde ; est-ce un nom, un prénom, nul ne le sait, et ce mystère sied à la personnalité de cette jeune... femme ! L'homme assez fou ou assez chanceux pour tomber amoureux de Delmonde ne pouvait que disparaître ; l'anticipation l'y obligeait... mais dans quelques années ? De possibilité, l'événement sera peut-être réalité, et il existera alors en librairie toute une gamme de romans d'amour, dont les Soucoupes volantes de M. Fobster aura été l'ancêtre.
André Martel, 1955, 290 p.

