Europe n° 950-951 - Les troubadours - Max Rouquette - Tommaso Landolfi
Excellent état général. Quelques passages surlignés dans le texte
Le premier mystère des troubadours, c'est sans doute l'obstination avec laquelle ils hantent le monde moderne : au lieu de se contenter de se tenir sagement à leur place, comme leurs confrères trouvères, les poètes de la France du Nord, bien tranquilles sur le papier glacé des pages de l'histoire littéraire, les troubadours ne tiennent pas en place et ne cessent de poser des questions ou de proposer des solutions qui concernent d'autres âges que le leur : mais de quel droit empiètent-ils sur la Divine Comédie ? Que vont-ils donc faire dans le Décaméron ? Pourquoi, lorsque Aragon réfléchit à la forme d'une poésie de la Résistance va-t-il chercher ses leçons auprès du maître de Ribérac ? Pourquoi les théoriciens de la poésie formelle trouvent-ils chez eux leurs meilleurs exemples ? Comment expliquer que tel groupe de rappeurs intègre dans une de ses chansons une strophe du premier troubadour connu ? En un mot, pourquoi les troubadours refusent-ils d'être lettre morte ? Il faut dire que, dès l'origine, ils font figure d'OVNI, ou mieux encore, d'Objets Poétiques Non Identifiés : première poésie lyrique en langue vulgaire, c'est-à-dire dans la langue du peuple, avant donc que Dante l'ait théorisée avec le «volgare illustre». Dans des temps où toute culture, même la plus moderne et même la plus contestataire, ne pouvait que s'inscrire dans un héritage latin indissolublement lié à l'Église, ils ont eu l'audace, qu'ils en aient eu conscience ou non, de laïciser en quelque sorte la culture, et cette incroyable insolence s'est doublée de celle de signer parfois leurs œuvres et d'en finir ainsi avec l'anonymat médiéval des créateurs.
Sommaire
Les troubadours
"Chanter ne rapporte rien d'autre", par Gérard Gouiran
Les troubadours, une anthologie, par Gérard Gouiran
Les chansonniers provençaux, par Magdalena León Gómez
La musique des troubadours, par Margaret Switten
La versification des troubadours : un art du langage, par Dominique Billy
La canson, par Pierre Bec
Le sirventès, par Stefano Asperti
Les tensons et partimens, par Linda Paterson
Les troubadours et l'Italie, par Edoardo Vallet
Mécènes et troubadours dans la Couronne d'Aragon, par Miriam Cabré
Troubadours et trobadores : les premiers contacts, par Elvira Fidalgo
La cour de Campagne, par Angelica Rieger
Max Rouquette
La voix des anges, par Philippe Gardy
Max maximus, par Frédéric Jacques Temple
Brefs moments de bonheur, par Max Rouquette
Les roseaux de Midas, par Claire Torreilles
La séduction des commencements, par Magali Fraisse
L'absence et la trace, par Jean-Yves Casanova
Échos entre prose et poésie, par Marie-Jeanne Verny
Paradoxe sur le dramaturge, par Jean-Claude Forêt
La couverture rouge, par Rémy Gasiglia
Le vieil homme et la création, par Lionel Navarro
Tommaso Landolfi
Après de longues infortunes, par Idolina Landolfi
L'hôte secret de la littérature, par Carlo Bo
Landolfi au fil du temps, par Mario Luzi
Une distraction précise, par Giorgio Manganelli
L'exactitude et le hasard, par Italo Calvino
Un romantique vaincu, par Monique Baccelli
L'assassinat de Paul-Louis Courier, par Tommaso Landolfi
Juin-juillet 2008, 384 p.